Une année d’acquisitions : les Éphémères
Vous reprendrez bien un peu de sport ? Un diplôme sportif remis par le journal L’Auto en 1923
L’année 2024 a été placée sous le signe du sport pour le département des éphémères, avec la publication de l’inventaire portant sur ce thème. Inventaire enrichi des images d’une grande partie des documents décrits (pour en savoir plus). Une sélection de cet ensemble a également été présentée dans l’accueil de la bibliothèque entre mars et juin dernier (pour la revoir).
Côté acquisitions, cette thématique a également retenu notre attention, d’autant qu’il est plus facile d’enrichir une collection dès lors qu’on l’a inventoriée et que l’on peut décider des pièces qui constitueront les enrichissements les plus pertinents. C’est ainsi que nous avons sélectionné deux jeux de société anciens prenant pour cadre un hippodrome et un vélodrome de la capitale ; vous pourrez certainement les retrouver lors de prochaines journées jeux à la bibliothèque.

4-DEP-013-0294

1-DEP-013-0023

Nous avons également acquis un ensemble de souvenirs des Jeux olympiques de Paris 1924, dont des timbres postaux édités pour la circonstance, que nous avons pu présenter dans l’exposition « Paris 1924, la publicité dans la ville » à la Bibliothèque Forney, entre mai et septembre dernier.
Timbres postaux édités à l’occasion des Jeux olympiques, 1924. 4-DEP-013-0244

Vitrine de l’exposition « Paris 1924, la publicité dans la ville » sur la propagande réalisée par les organisateurs des JO de 1924
Mais le document sur lequel nous nous arrêtons ici est d’une autre nature (et d’une autre dimension !) puisqu’il s’agit d’un diplôme de 47 x 58 cm remis par le journal L’Auto à un certain Auguste Pourmarin le 23 janvier 1923, désormais conservé dans nos collections sous la cote 1-DEP-013-0020.

L’exploration des numéros du journal numérisés dans Gallica permet de comprendre en quoi consiste ce Brevet sportif institué par L’Auto en février 1920. Peut-être en butte à certaines critiques relatives au caractère extrême des nombreuses épreuves sportives qu’il organise – pour mémoire, L’Auto est le créateur du Tour de France et de la Traversée de Paris à la nage, deux des compétitions sportives les plus populaires de l’Entre-deux-guerres –, l’organe de presse explique vouloir encourager une pratique pluridisciplinaire, plus raisonnable, accessible à un plus grand nombre, en reconnaissant un niveau sportif moyen en marche, course, cyclisme et natation. L’auteur de l’article insiste notamment sur la volonté de développer l’apprentissage de la natation.


Non content de fidéliser les lecteurs en faisant le récit épique des exploits des grands champions, L’Auto entend donc les rendre acteurs eux-mêmes de l’aventure sportive et leur offre un « quart d’heure de gloire » en publiant leur nom dans ses colonnes. C’est le cas d’Auguste Pourmarin, un Versaillais de 49 ans, qui obtient le 109e brevet et qui bénéficie d’une mise en lumière toute particulière, eu égard à son âge, avec un paragraphe développé sur son parcours sportif méritoire et un portrait photographique.
Ce brevet constitue un témoignage de l’importance de la presse spécialisée comme actrice de la vie sportive à partir du début du 20e siècle : pour développer le lectorat, les dirigeants des journaux se sont emparés du sport, devenant souvent également dirigeants d’associations ou de fédérations et comprenant quel parti ils pourraient tirer de l’organisation de manifestations, sur le modèle du monde du spectacle, à grand renfort de publicité et en faisant émerger des figures de champions têtes d’affiche. Ici, on voit que presse et fédérations sont sur un pied d’égalité comme instances pouvant justifier du niveau des candidats au brevet.
Entre 1920 et 1936, 217 personnes, vraisemblablement uniquement des hommes, dans une large mesure parisiens ou d’Ile de France, le sollicitent.
« Le Brevet sportif de L’Auto », dans L’Auto du 24 février 1923
Ces sportifs “brevetés” peuvent obtenir moyennant finance un insigne, puis un diplôme illustré, édité par le graveur Stelmans et signé par le directeur de L’Auto, Henri Desgrange. Les sports représentés sur le document correspondent aux disciplines reines de la première moitié du 20e siècle relayées par le journal : les sports mécaniques, l’aviation encore auréolée de la gloire de la Première Guerre mondiale, l’automobile et le cyclisme, sont évidemment à l’honneur, mais aussi l’équitation, l’alpinisme, la boxe, l’escrime, le rugby, le hockey, la natation, la voile et le patinage, toutes pratiques issues du giron militaire ou des loisirs de la bonne société du 19e siècle et trahissant les origines du sport, ainsi que l’appartenance sociale de bon nombre de sportifs encore pendant l’Entre-deux-guerres.

Mais aussi :
- une cinquantaine de cartes de restaurants et de menus de banquets, contribuant à enrichir ces deux séries de sources sur l’alimentation, la gastronomie et la sociabilité parisiennes, en particulier deux menus de banquets s’étant tenus au cours des Expositions coloniale de 1931 et internationale de 1937 ; un recueil de vues souvenir de l’Exposition universelle de 1855 nous a par ailleurs été donné ;
- une vingtaine d’éphémères publicitaires, provenant notamment de commerces alimentaires, d’hôtels, de promoteurs immobiliers et d’éditeurs ;
- un lot de 24 protège-cahiers du 19e siècle ;
- quelques pièces provenant de salles de cinéma et autres lieux de divertissement ;
- une centaine de classeurs de documentation d’histoire locale rassemblée entre 1970 et 2010 par les collègues de la Bibliothèque Hélène Berr sur le 12e arrondissement ;
- un objet donné par une ancienne collègue, précieux pour l’histoire de l’Hôtel de Lamoignon : un thermomètre à vin vendu par les établissements Salleron-Dujardin, sis au 24 rue Pavée, entre les années 1890 et les années 1930 (pour en savoir plus).

OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Séverine Montigny (14 février 2025). Une année d’acquisitions : les Éphémères. L'échauguette. Consulté le 23 mai 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/13bgk