Correspondances : quelques acquisitions pour les collections théâtrales en 2020
Aux siècles derniers, quand le téléphone était rare et internet inexistant, on s’écrivait sur papier, longuement ou brièvement et les télégrammes tenaient lieu de SMS. Ces mots doux ou sérieux ont heureusement quelquefois échappé à l’autodafé vengeur d’un conjoint jaloux ou à l’indifférence des familles et, quand ils ont pour auteur des personnalités un peu connues, ils se retrouvent chez les marchands d’autographes, pour le plus grand bonheur des historiens.
Edouard Bourdet à la SACD, 11 août 1910 (4-TMS-06862) Paulus à sa femme Rosa, 15 janvier 1890 (4-TMS-06864) Cécile Sorel à Albert Flament, 31 janvier 1911 (8-TMS-05865)
Les collections théâtrales de la Bibliothèque historique ont ainsi eu la chance d’acheter cette année plusieurs lots de correspondances. Une vingtaine de lettres inédites à sa femme Rosa nous en apprennent un peu plus sur la vie intime du chansonnier Paulus (1845-1908). C’est également à la sphère privée que se rattachent les lettres adressées par l’actrice Cécile Sorel (1873-1966) à son amant puis ami le journaliste et écrivain Albert Flament (1877-1956). Les quelque 80 feuillets envoyés par l’auteur dramatique Edouard Bourdet (1887-1945) à ses agents rendent compte des aspects financiers de la diffusion de quelques une de ses pièces de théâtre à succès, notamment Le Sexe faible (1929).

Mais le plus spectaculaire de ces achats épistolaires est sans doute l’unique lettre adressée par le décorateur Alfredo Edel (1856-1912) à Jules Massenet à propos de la mise en scène du ballet Le Carillon au théâtre de la Scala de Milan : destiné primitivement à servir de première partie à Werther, Le Carillon est finalement créé à Vienne en 1892, quelques jours après l’opéra. Lors de sa reprise en janvier 1899 à Milan, Massenet doit adapter son œuvre au goût italien, qui veut en accentuer le côté spectaculaire. La lettre d’Edel montre à quel point le décorateur intervient dans ce processus et prouve s’il en était besoin qu’un spectacle est bien une œuvre collective.
La Bibliothèque historique conserve par ailleurs quelques maquettes de costumes d’Edel qui, après avoir œuvré pour la Scala, a mené une brillante carrière internationale.
Alfredo Edel, Revue non identifiée, Alcazar, 1904.
RadiumAlfredo Edel, Dessin de costume pour une revue non identifiée, Casino de Paris, 1903. Cérès (1er tableau) Alfredo Edel (1856-1912), Dessin de costume pour un spectacle non identifié, Paris, 1902
Jupiter (1er tableau)