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Paris en mutations, par Georges Marlière-Pelletan : sanguinement vôtre (1930-1969)

Ce billet est le fruit du travail de Florian Portalier, étudiant en M2 à l’université Paris-Cité et stagiaire à la BHVP en mai 2025.

Georges Marlière-Pelletan est né le 9 décembre 1899 à Aubenton, dans l’Aisne. Le 26 avril 1969, il fait don à la Bibliothèque historique d’un ensemble de dessins, de petit et grand format, à la sanguine et au fusain. Hormis ces informations, nous n’avons pu rassembler aucun autre élément biographique le concernant. La prise de contact avec une salle de ventes de Vannes, qui avait présenté aux enchères un tableau de Marlière-Pelletan, ne nous a pas éclairé davantage1. Artiste amateur ? Marlière-Pelletan l’était peut-être. Amoureux de Paris ? C’est certain !

Registre d’entrée de la BHVP, 26 avril 1969

Georges Marlière-Pelletan, porte un regard à la fois singulier et commun sur la ville de Paris. Des monuments familiers, mais parfois oubliés, tels que des églises, places, rues et façades aujourd’hui transformées ou disparues, sont représentés et témoignent d’une ville en constante évolution. Ces dessins constituent une trace visuelle et documentent l’histoire de la capitale. Leur qualité graphique se trouve dans la chaleur de la sanguine et la douceur du trait de Marlière-Pelletan.

Ces dessins révèlent un travail minutieux et patient, presque quotidien, de consignation visuelle, à la manière d’un journal graphique. À travers les 59 dessins de cet ensemble2, Georges Marlière-Pelletan a offert à la Bibliothèque historique des fragments de l’histoire collective de la capitale, alors en pleine mutation.

Un Paris pluriel, à la fois emblématique et méconnu

Georges Marlière-Pelletan a croqué un certain nombre de lieux emblématiques : la tour Saint-Jacques, Notre-Dame, la fontaine de l’Observatoire ou encore la fontaine du Palmier (aussi appelée fontaine du Châtelet). Les dessins se concentrent particulièrement dans les 1er, 4ème, 8ème et 16ème arrondissements, entre centres historiques, quartiers aisés et zones en mutation.

Ses dessins nous offrent aussi des images de lieux aujourd’hui disparus comme le Palais du Trocadéro (construit en 1878 et détruit en 1935). Ils témoignent d’une vie parisienne oubliée, comme cet hôtel particulier ayant appartenu à Hortense Schneider (1833-1920). Chanteuse d’opérette, égérie d’Offenbach, mais aussi philanthrope (elle légua sa fortune à l’Orphelinat des Arts), Hortense Schneider était une vedette de la Belle époque. Son hôtel, situé au 123 avenue de Versailles, a été détruit en 1969.

Hôtel particulier de l’actrice Hortense Schneider, 123 avenue de Versailles (mai 1969), 0-ICO-0211

Fait notable, le monument le plus célèbre de la capitale, la tour Eiffel, n’apparaît pas dans le corpus. Ce choix, volontaire ou non, reflète une vision de Paris peut-être plus tournée vers une architecture de proximité et des lieux du quotidien, que vers les grands espaces symboliques.

Des dessins vivants

Au-delà des monuments et des perspectives architecturales, certains dessins capturent des moments de vie simples, presque anodins, mettant en scène des Parisiens et des Parisiennes : les bouquinistes des quais de Seine et leur clientèle affairée, les fleuristes du marché aux fleurs de l’Île de la Cité, ou encore les visiteurs du cimetière du Montparnasse.

Plus étonnant, Georges Marlière-Pelletan consacre un dessin au Salon des artistes français de 1969, organisé au Grand Palais. Il y représente la réception des tableaux, témoignage précieux des coulisses d’un grand évènement annuel de la vie parisienne.

Salon des artistes français (mars 1969), 1-ICO-0197

Ces scènes, parfois inattendues, nous montrent que la vision de Marlière-Pelletan de la capitale ne se limite pas à des monuments, mais s’attache à des instants de vie collective. Georges Marlière-Pelletan compose une mémoire du quotidien, qui complète et humanise sa cartographie de Paris.

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Cet ensemble de dessins, réalisés par un quasi-inconnu, révèle sa valeur au fil des pièces. Ces dernières témoignent d’un passé architectural pas si lointain mais dont il est important de conserver les traces. Depuis les années 1960, Paris n’a cessé de changer. Certains lieux dépeints par Marlière-Pelletan ont disparu ou ont été transformés. Les multiples représentations de Notre-Dame prennent ainsi une résonance particulière, alors que l’incendie du 15 avril 2019 a remodelé la physionomie de la cathédrale.

Les dessins de Georges Marlière-Pelletan, modestes traces de ces lieux disparus ou fragilisés, de moments fugaces de la vie parisienne, fixées avec soin par un regard attentif et sensible, sont devenus des archives pour la mémoire et l’histoire urbaines de la capitale.

  1. N’hésitez pas à nous contacter à l’adresse bhvp@paris.fr si vous avez des informations concernant Georges Marlière-Pelletan. []
  2. Aux 39 dessins consignés dans le registre d’entrée de 1969 se sont ajoutés 20 autres dessins dont la provenance ne nous est pas connue. []

OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Bibliothèque historique de la Ville de Paris (4 juillet 2025). Paris en mutations, par Georges Marlière-Pelletan : sanguinement vôtre (1930-1969). L'échauguette. Consulté le 15 juillet 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/14a9b


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