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Edmée de La Rochefoucauld, duchesse, catholique, féministe

Parmi les fonds féministes conservés par la Bibliothèque historique, le fonds Edmée de La Rochefoucauld est un merveilleux témoignage des éléments ayant constitué le féminisme de la “première vague” (19e siècle-milieu 20e siècle) et de ses combats au sein de divers champs sociaux. Il dispose désormais d’un inventaire consultable sur le portail des Bibliothèques spécialisées de la Ville de Paris, réalisé par Orane Boyd, étudiante en Master 2 Histoire-Mondes contemporains à Sorbonne Université, au cours d’un stage au département des Manuscrits de la Bibliothèque historique, qui nous présente l’ampleur et les enjeux de ce fonds.


Edmée de La Rochefoucauld, née Edmée Frisch de Fels le 28 avril 1895 à Paris et décédée le 20 septembre 1991 à Paris, est une femme de lettres française, devenue duchesse de La Rochefoucauld grâce à son mariage avec le duc Jean de La Rochefoucauld (1887-1970) en décembre 1917.

Quatre enfants naquirent de cette union : Isabelle (1919-2011) ; François (1920-2011) ; Philippe (1922-1993) et Solange (1933-2016).

Portrait de la duchesse Edmée de La Rochefoucauld, femme de lettres française, 1931. Photographie de Thérèse Bonney (1894-1978). Bibliothèque historique


Une passion pour les lettres et les sciences

Grandissant au n°135 de la rue du Faubourg-Saint-Honoré (Paris, 8e arrondissement), Edmée de La Rochefoucauld développe une grande passion pour les arts, la littérature et les mathématiques. La future duchesse est élevée au sein de la grande bourgeoisie culturelle parisienne, qui lui transmet son goût pour les “belles choses” : son père, le diplomate et passionné d’architecture Edmond de Fels (1858-1951), lance en 1894 une nouvelle Revue de Paris, qu’il confie à la fois à son fils André Frisch de Fels (1890-1980) et à Edmée de La Rochefoucauld, qui nommèrent Solange de La Baume (1910-2014) à sa direction.

Sous le pseudonyme de Gilbert Mauge, la duchesse s’essaye à la poésie dans une quinzaine de publications dont La vie humaine (1928). Grâce à son salon dans son hôtel de la place des États-Unis situé dans le 16e arrondissement, elle rencontre écrivains, savants en tous genres, diplomates et hommes politiques renommés et renommées, notamment le poète Paul Valéry, dont elle devient une grande admiratrice1. L’interview de Madame Hermite, “Vision des salons de Paris2, fait état de la réputation du salon parisien de la duchesse. Edmée de La Rochefoucauld bénéficie donc de ses relations avec les milieux intellectuels parisiens pour son travail associatif et littéraire. L’autographe de Paul Maugeis de Bourguesdon adressé à la duchesse sur la première page de Poètes et parlementaires, poètes et sténographes parlementaires (1933) en est aussi un témoignage.


Dans le fonds d’archives conservé à la Bibliothèque historique, on trouve de multiples coupures de presse relatives aux arts (la sculpture, le cinéma, la danse…) et à la place des femmes dans l’Art, rassemblées par la duchesse, mais aussi des annonces et des catalogues de librairies parisiennes qui démontrent une certaine attention aux nouveautés littéraires de son époque.

Mis à part la littérature et la poésie, Edmée de La Rochefoucauld s’est passionnée pour les sciences, plus particulièrement les mathématiques et l’astronomie, intérêt qui la pousse à publier son étude Fonction de x et Nombre en 1926. Cet intérêt scientifique explique pourquoi nous retrouvons dans le fonds plusieurs revues savantes telles que L’Astronomie, Atlantis, ou le journal de la British Astronomical Association et les bulletins du Musée d’Ethnographie du Trocadéro (Musée national d’histoire naturelle). La duchesse a également conservé des documents relatifs au projet de chenille nautique de Louis-André Lenoir (cote 4-MS-FS-26-174), et quelques coupures de presse.

Présidente de l’Union nationale pour le vote des femmes

Grande représentante du suffragisme catholique français, Edmée de La Rochefoucauld est connue pour son engagement féministe. Favorable à l’égalité civique, qu’elle décrit dans La Femme et ses droits (1939), la duchesse a très rapidement souhaité intégrer les cercles associatifs et militants féministes.

Le fonds regroupe ainsi de la documentation produite par des associations féminines et féministes, à l’exemple de l’Action sociale de la femme, l’Alliance internationale pour le suffrage des femmes, le Centre mondial des organisations féminines, le Conseil international des femmes, la Fédération nationale des femmes, la Ligue française pour le droit des femmes, l’Union française des électrices, la Société pour l’amélioration du sort de la femme et la revendication de ses droits et bien d’autres. Outre leur intérêt historique, ces documents mettent en lumière l’organisation et le déploiement du travail associatif féminin durant la première moitié du 20e siècle.

Centre mondial des organisations féminines, Bibliothèque historique, 2-MS-FS-26-014

Dès 1927, Edmée de La Rochefoucaud dirige le périodique L’Union nationale des femmes édité par l’Union nationale pour le vote des femmes (UNVF), fondée par Madame Levert Chotard en 1925 et dont la duchesse devient la présidente à partir de 1930 jusqu’à la fin des années 1950. Revendiquant l’obtention du droit de vote des femmes et l’égalité des droits, l’UNVF est une association catholique qui incarne l’avènement d’un suffragisme de droite et catholique lors des années 19203. Elle aspire à démontrer que l’exercice des droits politiques des femmes ne changerait pas leurs devoirs et leur rôle au sein du foyer, et qu’il ne dénaturerait pas leur “féminité”4 : “Nous ne voulons pas départir de la modestie, de la mesure qui sied à notre sexe“, affirmait Edmée de La Rochefoucauld.

L’UNVF défend un positionnement conservateur dont l’objectif est la “défense des intérêts féminins, familiaux et professionnels” comme l’indique le sous-titre de son périodique : elle soutient qu’il est crucial, pour maintenir l’équilibre de la famille en tant qu’instance fondamentale de la société, que les femmes soient dotées de droits dans tous les domaines. Présentant une nouvelle perception de l’émancipation des femmes, son postulat rassure les milieux conservateurs jusqu’alors hostiles au droit de vote ou favorables au vote familial.

Ayant grandement bénéficié des relations de sa présidente avec les milieux politiques conservateurs, l’association parvient à diffuser graduellement les idées suffragistes au sein d’une partie de la population qui y était préalablement insensible. Comme le fait remarquer Florence Rochefort, ce “ralliement progressif offre au suffragisme une chance inespérée d’atteindre un public beaucoup plus large” et “marque les progrès de son idéal dans la société française et contribue à faire évoluer les partis de droite“.5

L’UNVF met en œuvre une propagande suffragiste basée sur la pédagogie. Son périodique en est un premier exemple. Elle organise de multiples congrès et conférences sur la condition des femmes et des enfants, la paix internationale6. L’association réalise un travail de publication dynamique par la conception et la diffusion de tracts et de brochures divers, tout en élaborant des enquêtes sur la place des femmes dans la société.

À l’occasion de la campagne de 1935 du mouvement suffragiste conduite dans de nombreuses villes de France pour l’élection de conseillères municipales, l’UNVF charge l’historienne et adhérente Suzanne Desternes de mener une enquête auprès des maires de France quant à leur positionnement sur les conseillères municipales et si certaines siègent au sein de leur conseil municipal.

Accompli entre 1938 et 1943, ce travail représente plus d’une cinquantaine de lettres entre Suzanne Desternes, des maires et des conseillères municipales conservées dans le fonds (2-MS-FS-26-090).


Edmée de La Rochefoucauld s’est également attachée à rassembler de nombreuses coupures de presse relatives à des personnalités féminines et féministes qu’elle considérait marquantes pour l’histoire des femmes, à l’exemple de Germaine Agutte-Sembat, Hubertine Auclert, Armande Béjart, Lucie Delarue-Mardrus, Jeanne Deroin, Hélène Lange, Germaine Malaterre-Sellier, Anna Pavlova, ou encore George Sand… ainsi que de la documentation sur le féminisme à l’étranger (au Brésil, en Allemagne, aux États-Unis, au Japon, au Tibet, en Suède, en Pologne ou encore en U.R.S.S.), constituée de coupures de presse, de biographies (notamment de la féministe tchécoslovaque Františka Plamínková7) et de documents d’associations telles que le National Women’s Party (États-Unis)8 ou la Ligue catholique du suffrage féminin (Belgique)9.

Réflexions sur la place des femmes dans la société

Edmée de la Rochefoucaud rend compte des réflexions féministes alors en vogue au milieu du 20e siècle sur le rôle des femmes dans la société. En cohérence avec la ligne de l’UNVF, elle s’est par exemple intéressée à leur rôle dans la cellule familiale, en tant que mères et femmes mariées. Le fonds comporte ainsi des coupures de presse sur la fonction de la famille et du mariage (4-MS-FS-26-228), de même que de la littérature grise d’associations comme le Mouvement mondial des mères, l’Union nationale des associations familiales, La Maison de la mère et de l’enfant, l’Union des mères pour le salaire de la profession maternelle… La documentation réunie par la duchesse tend à mettre en lumière le travail invisible et gratuit des femmes au sein du foyer10, qu’elle présente comme des piliers de la société française.

À l’heure des évolutions législatives et réglementaires des droits des femmes qui parsèment le 20e siècle, Edmée de La Rochefoucauld apporte une réflexion juridique sur la capacité civile de la femme mariée. Par exemple, des notes en partie produites par l’UNVF, se rapportent aux lois, projets de lois et réformes relatifs au statut de la femme mariée entre 1909 et 1939, notamment sur la délivrance obligatoire d’un livret de famille lors de la célébration du mariage ; la loi sur la libre disposition du salaire de la femme mariée du 13 juillet 1907 ; et le projet de décret-loi établissant la séparation de biens entre époux comme régime légal11. Le fonds comporte en outre des propositions de loi et des rapports de l’Assemblée Nationale de 1912 à 1951 sur l’amélioration du sort des femmes (2-MS-FS-26-056) et des amendements du Sénat sur les régimes matrimoniaux et la capacité civile de la femme mariée en juin 1939 (8-MS-FS-26-082).

Le fonds se concentre sur le rôle des femmes en tant que citoyennes et actrices de la vie politique, à une échelle nationale et internationale. Pour qu’elles puissent enfin y participer activement, une pleine égalité civique est nécessaire. Cette dernière ne peut se réaliser que par l’obtention du droit de vote et du droit d’élection perçus comme des moyens d’émancipation, à l’image de ce que proclame Philippe Maréchal dans sa conférence Une loi de deux lignes peut émanciper la femme, de juillet 1906 (8-MS-FS-26-132).

Bibliothèque historique, 8-MS-FS-26-132

À l’instar de beaucoup d’autres féministes de son époque, le suffrage féminin serait selon Edmée de La Rochefoucauld vecteur d’une amélioration générale de la société et de la vie politique. La chanson “Ah ! Si les femmes votaient !” de Denyse Luciani (paroles) et de M. Magnani (musique) est exemple de ce sentiment12.

La duchesse retranscrit les effets de la guerre sur les femmes, dont la situation des veuves de guerre (sur la question des pensions, 4-MS-FS-26-412 ; l’Union nationale des veuves de guerre, 4-MS-FS-26-413 ; et le vote, 4-MS-FS-26-414) ou détenant la légion d’honneur (4-MS-FS-26-411).

Touchée par les événements de son époque et promouvant toujours le suffrage féminin, Edmée de La Rochefoucauld appuie le rôle crucial des femmes en faveur du pacifisme, notamment au sein de la société des Nations entre 1920 et 1929 (4-MS-FS-26-431), manifestant ainsi un féminisme différentialiste stipulant que les caractères “naturels” des femmes traduits dans les urnes seraient essentiels au maintien de la paix.

Enfin, Edmée de La Rochefoucauld pose la question du travail féminin alors en pleine expansion. Le fonds fait état de l’ouverture de nouveaux secteurs d’activités et domaines professionnels aux femmes comme la dactylographie, l’aviation, la médecine, l’ingénierie, la police, les professions libérales. L’indépendance financière étant envisagée comme une voie d’émancipation, le droit au travail devient un combat féministe. La duchesse fait valoir l’évolution de ce droit au travers de coupures de presse (2-MS-FS-26-047) et de notes sur la population active totale en France en 1921 (4-MS-FS-26-285).

La première moitié du 20e siècle marque également les débuts du syndicalisme féminin qui constitue un nouvel axe de militantisme féministe. C’est pourquoi nous retrouvons de la documentation sur des syndicats tels qu’Action féminine, le Syndicat professionnel féminin des postes, télégraphes et téléphones, l’Union féminine des carrières libérales et commerciales… Dans le même temps, les années 1900-1920 voient se développer un type particulier de syndicalisme féminin auquel s’est intéressée Edmée de La Rochefoucauld en tant que féministe catholique : le syndicalisme féminin chrétien13, notamment incarné par l’Union centrale des syndicats professionnels féminins de l’Abbaye (4-MS-FS-26-280).

D’autre part, le fonds laisse observer les réticences de l’époque envers le développement du travail féminin. Corrélées au contexte de politique malthusienne et de crise économique, elles sont particulièrement motivées par la remise en cause de la place “naturelle” des femmes dans le foyer, mais également le chômage14.

Catholicisme social et lutte contre les fléaux sociaux

Féministe catholique, Edmée de La Rochefoucauld fut également très proche du mouvement du catholicisme social, comme le reflète la constitution de son fonds. La duchesse porta un grand intérêt pour l’action sociale et la lutte contre les fléaux sociaux. Représentative des préoccupations des adhérents au mouvement du catholicisme social des années 1920-1950, cette mouvance touche tous les champs de la vie sociale, et concerne ainsi les enfants, les adultes, les professions, les loisirs et la famille.

Carte postale, Bibliothèque historique de la Ville de Paris, 8-MS-FS-26-125

Accompagnant les mutations socio-économiques de la société française du début du siècle, le catholicisme social prend part au mouvement hygiéniste dont le fer de lance est la lutte contre l’alcoolisme et l’insalubrité.

Edmée de La Rochefoucauld a ainsi notamment conservé des documents du Comité national de défense contre l’alcoolisme (de la correspondance, 4-MS-FS-26-188 ; ou encore des rapports, 4-MS-FS-26-194), ainsi que du Comité hygiène et eau (4-MS-FS-26-209).

Tract du Comité de défense contre l’alcoolisme, vers 1955, 4-MS-FS-26-196


Une attention particulière est par conséquent portée aux progrès de la médecine et le développement d’associations médicales et sanitaires comme la Société de prophylaxie sanitaire et morale (4-MS-FS-26-211), l’Union internationale contre le péril vénérien et les tréponématoses (4-MS-FS-26-213), et la Ligue française contre le cancer (8-MS-FS-26-066).

L’amélioration des conditions sociales est donc l’une des préoccupations majeures du catholicisme social. Elle se réaliserait par la protection des enfants et la défense de la moralité publique. Le 19e siècle et le début du 20e siècle voient en effet naître un nouveau regard sur l’enfance basé sur la reconnaissance de ses droits en matière de santé, d’éducation… Il se forme ainsi divers comités et associations dédiés à la protection de l’enfance, à l’instar de la Fédération des œuvres pour la protection morale de l’enfance et de la jeunesse (4-MS-FS-26-235), l’Union internationale de secours aux enfants (4-MS-FS-26-245), et de la Protection de l’enfance et aide aux enfants en difficulté (4-MS-FS-26-252).

Adjointe aux missions de protection de l’enfance, l’approche de la délinquance juvénile est bouleversée. La création en 1912 des tribunaux pour enfants, sur lesquels la duchesse a recueilli des coupures de presse (2-MS-FS-26-038), répond à cette évolution.

La création du Comité de protection de l’enfance en 1919 au sein de la Société des Nations puis du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) en 1946 illustrent cette progressive prise en compte internationale des droits et du bien-être des enfants, qui n’a pas laissée la duchesse indifférente. Le fonds est effectivement doté de documents divers produits par le Comité de protection de l’enfance à la Société des Nations entre 1928 et 1937, ainsi que par l’UNICEF entre 1953 et 1958.


Lutte contre la prostitution et Marcelle Legrand-Falco

Au début du 20e siècle, la lutte contre la prostitution devient une des premières grandes batailles féministes, parvenant à rallier des “groupes aux revendications et intérêts divergents, mais dont le projet commun est d’affirmer le rôle social (et moral) des femmes”15. Faisant référence à la “traite des blanches”, ces groupes se positionnent contre la traite des femmes et le proxénétisme, la prostitution étant considérée comme de l’esclavage sexuel. La revue Femmes esclaves (4-MS-FS-26-226) en illustre la réalité.

La lutte contre la prostitution est généralement incarnée par deux courants de pensée : l’abolitionnisme et le réglementarisme. Tandis que le réglementarisme aspire à réglementer la prostitution16, le courant de pensée abolitionniste vise à abolir toutes formes de réglementation qui la concerne. Cet aspect est par exemple abordé par des travaux sur la réglementation de la prostitution et des maisons de tolérance (4-MS-FS-26-225), que les abolitionnistes souhaitent interdire. Le mouvement abolitionniste a également contribué à la transformation du statut des prostituées en les considérant comme victimes d’un système qui les exploite, et en défendant leurs droits17. La bataille contre la prostitution prend donc place à la fois sur un terrain législatif, mais aussi moral.

L’entre-deux guerres voit la lutte contre la prostitution, et par conséquent les principales organisations abolitionnistes, gagner en légitimité18. La documentation recueillie par Edmée de La Rochefoucauld prête une attention particulière au mouvement abolitionniste, qui voit en la redéfinition de la morale publique la possibilité de réaliser l’égalité des sexes ; ainsi, la lutte contre la prostitution devient une question de relèvement moral. Beaucoup d’associations imbriquées dans cette lutte prennent ainsi place au sein du fonds de la duchesse : the International Bureau for the Suppression of Traffic in Persons, l’Union nationale des amies de la jeune fille, the Association for Moral and Social Hygiene19

Mais se démarquent surtout la Fédération abolitionniste internationale et sa section française, l’Union française contre le trafic des femmes20. Fondée en 1875 par la militante réformiste Joséphine Butler (1828-1906), la Fédération abolitionniste internationale est une association non gouvernementale la plus active parmi le mouvement abolitionniste. Très probablement obtenus de Marcelle Legrand-Falco dont elle semble avoir été proche, Edmée de la Rochefoucauld a intégré à son fonds beaucoup de documents produits par la Fédération. Nous pouvons ainsi en consulter les correspondances (4-MS-FS-26-022 ; 2-MS-FS-26-156), les bulletins (8-MS-FS-26-004), les finances (4-MS-FS-26-023), les rapports d’activité et circulaires (2-MS-FS-26-002), ainsi que les tracts, programmes et bulletins de souscription (4-MS-FS-26-024).

Il en est de même pour l’Union temporaire contre la prostitution réglementée et la traite des femmes, fondée en 1926 et dirigée par Marcelle Legrand-Falco (1880-1985), qui présente une documentation assez conséquente. Par exemple, la correspondance de la militante féministe Cécile Brunschvicg (1877-1946) concernant les maisons de tolérance (2-MS-FS-26-004), sur les congrès, les assemblées et les réunions de l’Union (4-MS-FS-26-067), sa correspondance (4-MS-FS-26-066), la liste de ses membres et des associations membres (4-MS-FS-26-68), ou encore ses rapports d’activité (4-MS-FS-26-069).

 Carte d’adhérente de Marcelle Legrand-Falco, 1954, Bibliothèque historique, 4-MS-FS-26-460

Marcelle Legrand-Falco est une des figures marquantes du mouvement abolitionniste français en raison de son engagement dans les œuvres sociales qui concernent le milieu de la prostitution. De 1926 à 1934, elle devient présidente de l’Union fraternelle des femmes21 et, en 1926 encore, contribue à la création de l’Union temporaire contre la prostitution réglementée et la traite des femmes dont elle devient la présidente (jusqu’en 1945 où elle devient l’Union française contre le trafic des femmes, qui est la section française de la Fédération abolitionniste internationale). Parallèlement, Marcelle Legrand-Falo participe aux travaux du Conseil national des femmes françaises22 en tant que secrétaire, et devient membre du comité central de l’Union française pour le suffrage des femmes23.

De multiples documents appartenant au fonds semblent être des dons de Marcelle Legrand-Falco à Edmée de La Rochefoucauld. Une partie de cette documentation concerne les associations que Marcelle Legrand-Falco a pu fréquenter, dont sa correspondance avec plusieurs sections locales de l’Association dauphinoise d’hygiène morale24, ou encore les Nations Unies (2-MS-FS-26-155). L’autre partie est de l’ordre du personnel : essentiellement sa correspondance (4-MS-FS-26-074), ses documents personnels et sa comptabilité (4-MS-FS-26-075), des rapports produits par elle ou lui ayant été adressés, dont le rapport de sa conférence au grand salon de l’UNESCO le 6 novembre 1953 (4-MS-FS-26-456).


Consulter l’instrument de recherche : https://bibliotheques-specialisees.paris.fr/ark:/73873/FRCGMNOV-751045102-FS26


Pour en savoir plus :


  1. Ducas, S., “Le prix Femina : la consécration littéraire au féminin”, In : Recherches féministes, vol. 16, n°1, 2003, pp. 43-95. []
  2. Hermite, Madame. Vision des Salons de Paris, Bibliothèque historique de la Ville de Paris, Fonds La Rochefoucauld, Edmée de (1895-1991), femme de lettres, [2-MS-FS-26-168]. []
  3. Suffragisme alors très minoritaire dans la France du début du 20e siècle. []
  4. Rochefort, F., “La citoyenneté interdite ou les enjeux du suffragisme”, In : Vingtième Siècle, revue d’histoire, n°42, avril-juin 1994, pp. 41-51. []
  5. Rochefort, F., Ibid. []
  6. Cf. Union nationale pour le vote des femmes. Congrès (4-MS-FS-26-058), Programme des congrès (4-MS-FS-26-059), Rapport des conférences (2-MS-FS-26-166). []
  7. Plamínková, Františka (1875-1942 ; 2-MS-FS-26-016). []
  8. National Women’s Party (4-MS-FS-26-108). []
  9. Féminisme chrétien de Belgique et Ligue catholique du suffrage féminin (4-MS-FS-26-100). []
  10. Faisant écho au concept de “charge mentale”, mis en évidence par les études de genre plus de quatre décennies plus tard. []
  11. Statut de la femme mariée, Lois et projets de lois, Notes (4-MS-FS-26-257) ; Capacité civile, Notes, rapports (4-MS-FS-26-258). []
  12. Droit de vote, Chant (4-MS-FS-26-017). []
  13. Chabot, J., “Les syndicats féminins chrétiens et la formation militante de 1913 à 1936 : “Propagandistes idéales” et “Héroïnes identitielle” “, In : Le Mouvement social, n°165, 1993, pp. 7-21. []
  14. Chômage, Coupures de presse (4-MS-FS-26-283) ; Tracts, notes, rapports (4-MS-FS-26-284). []
  15. Cohen, Y., “De parias à victimes. Mobilisations féministes sur la prostitution en France et au Canada (1880-1920)”, In : Genre, sexualité & société, n°11, 2014. []
  16. Les figures du réglementarisme jugeant la prostitution inévitable, il était selon eux plus souhaitable de l’encadrer légalement. []
  17. Cohen, Y., op. cit. []
  18. Mathieu, L., “Le mouvement abolitionniste français dans l’après-guerre. Recompositions et reconversions de la croisade contre la prostitution réglementée”, In : Déviance et Société, vol. 40, n°1, 2016, pp. 79-100. []
  19. Association for Moral and Social Hygiene, Correspondance. Legrand-Falco, Marcelle (4-MS-FS-26-219) ; Documentation sur le cinquantième anniversaire de l’association (4-MS-FS-26-220). []
  20. Cotes 4-MS-FS-26-049 à 4-MS-FS-26-053. []
  21. Union fraternelle des femmes (8-MS-FS-26-014). []
  22. Conseil national des femmes françaises, Activités (4-MS-FS-26-018) ; Correspondance et notes (4-MS-FS-26-019) ; Coupures de presse (4-MS-FS-26-020) ; Rapports (2-MS-FS-26-167). []
  23. Union française pour le suffrage des femmes, Bulletin (4-MS-FS-26-520) ; Coupures de presse (4-MS-FS-26-056 et 4-MS-FS-26-057) ; Publications (8-MS-FS-26-013) ; Tracts et cartes postales (4-MS-FS-26-055). []
  24. Association dauphinoise d’hygiène morale, Section locale. Grenoble (4-MS-FS-26-202) ; Le Havre (4-MS-FS-26-203) ; Versailles (8-MS-FS-26-062). []

OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Bibliothèque historique de la Ville de Paris (8 juin 2022). Edmée de La Rochefoucauld, duchesse, catholique, féministe. L'échauguette. Consulté le 19 juin 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/lxf3


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